Des nouvelles de demain

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It all started as a day like others in Lis’s life.
Getting up, putting on her usual pingouin’s outfit and heading to work . Until something deeply anchored in her awakes up, giving an unexpected turn to her day…

Le réveil sonne. C’est l’heure. Combien de temps ai-je dormi sur ce canapé ? Une heure, peut-être deux. Certainement pas assez pour affronter ce qui m’attend.

J’ai juste le temps de me changer. J’enfile mon costume de pingouin et je file à la salle de bain me préparer. Je sors une boîte à maquillage. Appliquer le correcteur. Une couche de fond de teint. L’anticerne. Un fixateur. Puis un illuminateur. C’est comme suivre une recette de cuisine. Fard à paupière brun pour mes yeux bleu. Mascara sombre. Eyeliner. Rouge à lèvres discret. Le résultat est bluffant. J’ai l’air transformée. Mais je sais que sous cette façade rien n’a changé.

Je me demande en quoi les autres seront déguisés. Il y a toujours des surprises. C’est bien la seule incertitude qui me plaît dans ce job. L’imprévisible tant qu’il ne m’atteint pas..

Un dernier regard dans la glace. J’oublie les chaussures. Ce sera ballerines aujourd’hui. Je deviens de moins en moins jusqu’au-boutiste avec le temps. Marre des talons.

Je suis prête pour le défilé. Il est 7h.

 

Je m’engouffre dans le métro en pensant que toutes ces couches de maquillage ont peut-être l’avantage de me préserver de la crasse ambiante. J’imagine des particules de salives et les microbes de mon voisin de siège rebondir sur mes joues lisses et continuer leur course vers une autre peau plus ouverte. Après 30 minutes en sous-terrain, la couche d’illuminateur doit déjà être bien amochée.

Un discret coup d’œil dans la vitre à mon reflet me renvoie une pâle image de moi-même. Sous mon costume de pingouin, je vois une jeune femme un peu floue, un peu triste, dont le regard se perd dans le vide de pensées automatiques. Mais la façade semble intacte, plutôt jolie. Je sauve les apparences. Voilà qui devrait faire illusion au moins pour les quatre prochaines heures.

 

Au-delà de ce laps de temps, je ne réponds plus de rien. Je connais mes limites. Je les vois régresser avec le temps. Avant je pouvais tenir facilement six à huit heures sur cette grande scène, au milieu de la foule sans en sentir les hostilités. Naïveté ou bien piètre conscience de moi-même. Je sentais bien que mon énergie diminuait mais je savais comment la raviver. Une boisson un peu forte et l’adrénaline remontait.

Aujourd’hui mon corps est presque immunisé. Je dois doubler les doses pour ressentir un petit boost qui me fera tenir juste assez longtemps pour sauver les apparences.

J’avance rapidement dans les ruelles sombres. En hiver, je perds la notion de nuit et de jour. Quand je quitte la maison il fait nuit. Quand je la retrouve, il fait nuit aussi. J’accélère le pas. A quoi bon traîner ? Autrefois je flânais, probablement pour repousser, sans me l’avouer, le moment des premières interactions. Je préfère maintenant arriver avant les autres. Pour me trouver un coin tranquille où je serai moins dérangée.

 

J’aperçois Maurice sur le trottoir d’en face. Je ne pourrai pas arriver avant lui. En pingouin lui aussi. Nous sommes tous deux des protagonistes standards de ce grand spectacle. Pas assez talentueux pour nous démarquer. Mieux vaut rester dans l’ombre.

Je lui laisse une longueur d’avance. Le hall est vide. C’est normal pour un lieu de passage. Personne n’aime s’y arrêter.

 

Sophie est accoudée langoureusement sur une table haute, dans un costume léopard. Je ne peux pas l’éviter. Grand sourire. Avec elle, tout est dans l’apparence. C’est son métier après tout. Comment s’est passé ton weekend ? L’anniversaire des enfants ? Génial, quelle joie de vivre, quelle énergie ont ces petites canailles incontrôlables. Moi, rien de spécial. Regarder la télé, cuisiner. La routine qu’on aime quoi ! On se retrouve dans une heure pour faire le point sur la présentation de ce soir ? Super, hâte d’y être, à tout à l’heure !

Je m’en sors bien. Mon ton jovial n’a même pas failli face à ces banalités. Perte d’énergie minimisée. J’attrape par habitude une pomme dans le panier à fruit. Je sais bien que je n’ai pas faim mais j’ai besoin de m’occuper les mains. Je pars me recharger dans mon coin pour me préparer à la suite.

 

J’allume mon écran. Une dizaine de mails m’attendent. J’en supprime la moitié. Des communications internes. J’entreprends de répondre rapidement aux autres. Pour montrer que je suis réactive à défaut d’être pertinente.  Je marque comme "important" ceux qui vont me demander plus de réflexion et sur lesquels je reviendrai plus tard. Hâte d’en finir avec les communications pour me plonger enfin dans des tâches plus productives qui ne dépendent que de moi.

 

Mes yeux sont attirés par une forme agile qui se déplacent entre les groupes. Voilà qui est distrayant. La reine du spectacle est arrivée. Une panthère rose. Je n’aurais jamais osé. Je dois admettre qu’elle le porte bien. Tout est dans l’attitude. Assumée. Confiante. Directive. Elle quitte un groupe de caméléons dans de joyeux éclats de voix. Des créatifs. Ils peuvent tout se permettre.  A l’aise en toute situation. Ils se nourrissent du contact des autres et s’adaptent à n’importe qui, renvoyant aux gens la plus belle image d’eux-mêmes en imitant leurs attitudes, leurs intonations, leurs goûts. Leur empathie surjouée me met mal à l’aise.

La panthère rose se tient à présent droite sur ses deux pattes arrière, humant l’air à la recherche de sa prochaine victime. Ses interactions sont toutes calculées. Elle ne laisse rien au hasard, certainement pas son temps si précieux. C’est elle après tout qui mène la danse. Pourvu qu’elle ne vienne pas vers moi. J’aimerais être tranquille jusqu’à cette présentation qui me terrorise. La répétition finale. Un pre-mortem de notre prochaine intervention. Avec le chef de chaque espèce. Y compris le grand caméléon.

Elle m’aperçoit et marche rapidement dans ma direction. Je baisse la tête sur mon écran pour feindre une concentration qu’elle n’aura pourtant aucune hésitation à interrompre.

« Bonjour Lis, comment allez-vous ? Prête pour la grande répétition ? Pouvez-vous coordonner avec Stanislas et Isabelle leurs introductions respectives et m’envoyer la présentation d’ici 30 minutes ? »

Elle n’attendait bien sûre aucune réponse à ces trois questions et détourna ses talons roses dans une autre direction, laissant ma barre d’énergie proche du zéro.

 

Mon cœur s’accélère. Ce n’est pas du tout ce que j’avais prévu. Je voulais prendre du temps pour me préparer. Mais non, je dois refaire encore et encore la présentation. Il me faut quelques minutes pour intégrer ce changement de planning. Stanislas et Isabelle. Le chef des caméléons et la léoparde. Certainement les deux individus avec lesquels j’ai le moins envie de me retrouver en tête à tête. Je file aux toilettes recomposer mon masque social. Ravaler les gouttes qui se forment à l’extrémité de mes yeux. Sourire au miroir. Raviver la couleur de mes lèvres.

Combien de temps vais-je encore tenir dans cet univers infernal ?

Je sens mon âme se tortiller dans tout mon être, je l’entends hurler en silence dans ma tête. Mon cœur semble vouloir s’échapper de mon corps, et mon corps de ce costume de pingouin devenu trop étroit pour contenir toute sa répulsion.

 

Une idée folle me vient. Si seulement j’avais assez de courage… Je la laisse se répandre dans mon corps qui se détend aussitôt. Mon cœur s’apaise, mon âme écoute. Mon esprit se projette dans une visualisation impossible que ma raison tente peu à peu de rendre réaliste. Et après tout pourquoi pas ? Qu’ai-je à perdre si ce n’est une situation qui m’aliène chaque jour un peu plus ?

 

Je sors des toilettes avec un regain de force. Je me sens pleine d’énergie potentielle. Un peu tremblante devant mon audace. Pas tout à fait encore décidée. Ou peut-être que, si au fond ?  Je suis frêle d’excitation. Flottante. Comme en dehors de mon corps. Je ne suis plus vraiment moi-même. Ou bien je le redeviens. C’est comme si j’avais entamé une transformation intérieure qui sommeillait en moi depuis longtemps. Presque indécelable extérieurement. Déjà je sens un nouvel éclat dans mes yeux. Celui de mon âme ragaillardie. L’espoir. Et la confiance. Mon buste se redresse naturellement. Je marche d’un pas plus assuré.

 

Les discussions avec Stanislas et Isabelle sont vite expédiées. Je leur présente leur scripte sans leur laisser le choix. Stanislas s’en moque. Il approuve d’un geste un scénario que je sais il changera sous le coup de l’impulsion. Qu’importe, mon travail est fait, s’il décide d’improviser, il en assumera les conséquences. Isabelle avait une perspective différente sur la question. Je prétends que la panthère rose a déjà validé son scénario et lui conseille d’aller la trouver si elle souhaite en donner une version différente d’ici les 15 prochaines minutes. Elle renonce, agacée, et assure qu’elle ouvrira la discussion lors de la répétition. Ce coup de bluff risque de se retourner contre moi, mais cela n’aura alors plus aucune importance.

 

Je passe le reste de la journée à revoir les détails de mon plan. A le remettre en cause. Je suis sur le point de tout laisser tomber à 1h de l’heure fatidique. Une faiblesse de ma part devant la gentillesse de Maurice qui m’invite à prendre un café. Pour me remercier du travail réalisé sur un dossier de rénovation de façade. Il y a donc encore du bon dans ma situation. De la reconnaissance. Et de l’affection. Ce qui fait de la place aux regrets. Et aux remords. La peur de salir mon image aux yeux de certaines personnes qui comptent.

 

Je reçois alors un nouvel email qui me met hors de moi. Isabelle me demande, d’un ton que j’imagine autoritaire, de changer toute la présentation pour inclure son nouveau scénario. C’en est trop pour mes nerfs. Je ne veux plus de ces autorités froides qui me dictent des priorités opposées à mes convictions et mes valeurs. Je ne veux plus de cette attrition cérébrale qui gèlent mes neurones et inhibe mon libre arbitre. Je ne veux plus porter ni voir ces déguisements qui nous contraignent et nous fanent.

 

L’heure de la grande répétition générale arrive enfin. Nous sommes huit, installés dans la grande salle de réunion réservée au comité de direction. Je n’y mets pas souvent les pieds. Mais aujourd’hui, c’est moi qui détiens l’agenda. Après l’introduction de la panthère rose, je ferai le show. Je prends une pose droite et sereine. Intérieurement, c’est la panique.

 

Je suis coincée entre la panthère rose, à la présidence, et la léoparde, qui a entortillée ses longues jambes pour mieux mettre en avant son buste, dans une posture provocatrice. Impossible de faire marche arrière. Je sens l’adrénaline monter. En face de moi, de l’autre côté de la panthère rose, son fidèle toutou, une sorte de labrador raté qui lui donne raison en tout et sur tout. Un piètre manager qui gère mollement ses équipes de spécialistes.

Le chef des caméléons, assis à ma diagonale, a le regard perdu dans le vide dans ma direction, comme s’il regardait par la fenêtre à travers mon corps invisible. Je me sens transparente. Insignifiante. Et d’autant plus déterminée.

A sa droite, Maurice m’adresse un sourire, complicité de pingouins à la merci de la jungle.

En face de la panthère rose, affalé sur son siège, le chef des singes fait figure d’opposition. Fort de son expérience terrain, il semble se moquer des autres membres du groupe. Cet espace, cette scène c’est son terrain de jeux.

Enfin, dans mon angle mort, le requin. Dernière acquisition de la troupe. Il a rapidement établi sa réputation et imposé son costume gris et blanc, impeccable, autoritaire, menaçant. Je suis ravie de ne pas l’avoir dans mon champ de vision. Il est certainement l’autorité dont j’appréhende le plus la réaction.

 

Des petits fours sont répartis sur la table. Comme si ce pre-mortem devait être un moment agréable. Nous allions assister au grand défilé de toutes les espèces, prévu dans ses moindres détails pour subjuguer notre audience. Notre plus gros portefeuille de clients potentiels.

 

Que le spectacle commence.

Nul ne s’attendait au divertissement qui allait suivre.

La panthère rose ouvre le bal. Chaque visage autour de la table se réfugie derrière son masque le plus impénétrable. Tour de table : le labrador dévoué, le caméléon désintéressé, le pingouin discipliné, le singe goguenard, le requin prêt à intervenir, la léoparde passionnée. Et moi. Laissant tomber une première couche de mon masque de pingouin d’un revers de manche sur mes lèvres rouges. Geste que le caméléon semble remarquer avec curiosité.

 

Je me lève, annonçant le début du défilé.  Il me semble que mon malaise fait monter la tension ambiante. Je présente quelques slides d’un ton monotone et désintéressé. Libérée du jugement des autres. Je me trouve même plutôt percutante, employant les justes mots sans montrer aucun signe d’hésitation. Je distribue la parole avec assurance, pour que chaque chef d’espèce présente le plan que nous avons mis au point. Lorsque le tour de la léoparde arriva, je vois son visage s’assombrir. Je n’ai pas inclus son nouveau plan. Mon cœur s’accélère. Le point de bascule est arrivé.

 

Isabelle se redresse sur sa chaise :

- Excusez Lis, ce n’est pas ce dont nous étions convenus. 

Je ne lui laisse pas le temps de poursuivre.

- Non en effet Isabelle. Ce n’est pas le plan que vous m’aviez soumis. Et pour cause, il était trop peu ambitieux pour nos clients, et ne soutenait pas les aspirations de notre équipe design, sans parler des restrictions budgétaires auxquelles vous vous êtes contraintes malgré les investissements que nous avons débloqués. Vous avez vu trop petit. Trop conservateur. Où est passée votre audace ? Il vous faut rêver plus grand, plus haut. 

 

Silence dans la salle. J’entends leurs pensées comme des murmures.

- Comment ose-t-elle ? Ce qu’elle dit est-il vrai ? Le plan marketing d’Isabelle ne serait-il pas à la hauteur de nos ambitions ? Ce serait bien la première fois qu’elle dessert le reste de l’équipe. Cette petite Lis n’y connaît rien. 

 

La panthère rose fait un mouvement trop timide pour mettre fin à mon monologue. Je prends une grande inspiration et poursuis mon improvisation. C’est maintenant ou jamais.

- Il vous faut tous rêver plus grand. Plus juste. Vos ambitions manquent de passion. Elles sont fades et déjà vues. Prudentes. Elles sonnent si faux. Plus personne ne met ses tripes sur la table. Nous délivrons à longueur de journée comme des pions sans âme ni convictions, soumis à des volontés dont ne nul ne sait plus d’où elles viennent, et que vous passez à vos équipes comme si elles étaient les vôtres. Vous faites tous très bien illusion. Bravo ! Vous portez à merveilles les déguisements dans lesquels vos rôles vous ont jeté. Vous incarnez si bien vos personnages qu’on ne sait plus qui se cache sous vos couches de maquillage. 

- Cela suffit. Lis, sortez immédiatement vous calmer et reprenons le cours de cette réunion. 

 

J’ignore la panthère rose, et je sens le soutien muet de tous les regards ; certains sont amusés de ce spectacle que j’offre, bien plus distrayant que la réunion à laquelle ils pensaient participer ; d’autres sont peut-être touchés par mes paroles et semblent réfléchir, encore indécis à me donner raison ou tort.

Je deviens inarrêtable.

- Isabelle, pour qui te prends-tu sous tes grands airs de léoparde sensuelle et directive ? N’y a-t-il pas plus en toi ? Je te vois femme, je te vois mère, je te vois une boule d’émotions et de vulnérabilités refoulées, terrorisée à l’idée de se faire écrasée par les autorités masculines qui t’entourent et de déplaire aux rares figures féminines dominantes qui pourtant ne t’inspirent pas. Enlève ton costume, montre-nous qui tu es vraiment !

 

Je ne lui laisse pas cette chance. C’est mon show. J’hésite à tous les passer en revue et à crever une à une leur carapace de requin, de singe, de toutou, de panthère. Mais ce serait leur prêter trop d’attention. Je ne veux pas tomber dans leur théâtralisation. Je me lève.

 

- Regardez-moi bien. Que voyez-vous ? Un brave petit pion dans votre machinerie infernale. Un pingouin noir et blanc qui se balance d’un pied sur l’autre pour laborieusement avancer dans les directions changeantes qu’on lui indique. A gauche Lis, non à droite à présent. Demi-tour, plus vite, saute sur place. C’est bien, tu auras un sourire. 

 

La panthère rose s’est levée et tente une nouvelle intervention. Trop tard, l’attention est sur moi. Mais je sens que le temps m’est compté. J’essaie d’en gagner en marchant à travers la pièce pour les désorienter. Je m’agite, je m’avance vers l’un puis l’autre sans aucune logique, portée par mon instinct.

 

- Regardez-moi de plus près. Qu’y a-t-il sous ce costume noir et blanc bien mis comme il faut pour ne pas attirer l’attention ? Un corps épuisé, qui a dissipé trop d’énergie à satisfaire tous vos caprices à longueur de journées. Des caprices qui d’ailleurs ne sont pas vos véritables désirs, mais ceux du système qui se nourrit de votre autorité, de votre stress, de tout ce que vous voulez bien lui donner.
Démasquez-moi si vous l’oser !

 

Je marque une courte pause. J’enjambe un bureau et me place au centre de la table ovale, face à tous les regards, décidée à ne pas les laisser reprendre le contrôle de la situation. Heureusement, je n’ai plus conscience de mes gestes. Je suis portée par une force extérieure, une énergie que je ne me connais pas et qui semble attiser leur curiosité et leur imposer une immobilité qui ne saurait durer.

Alors, sans réfléchir, je commence à me déshabiller. J’enlève ma veste et mes chaussures.

- Personne ? Ma véritable identité ne vous intéresse donc pas ?  

Je retire mes collants en nylon, que je sais troués à l’entre-jambe. Liberté !

- Moi-même je l’ai oublié. Je l’ai abandonné, quelque part, il y a trop longtemps, dans l’un des rouages de la société.

Je défais mon chignon et en jette les épingles sur le sol. J’essuie d’une lingette mon visage pour enlever quelques couches de maquillage. Je dois à présent ressembler à une furie.

Quelqu’un fait un signe à ma gauche. J’accélère mon débit de paroles et mes gestes.

- Alors c’est tout ce qu’il me reste aujourd’hui : un corps de chair et d’os, et des rêves déstructurés qui peut-être ne sont même pas les miens.

Je dégrafe mon chemisier, enlève mes bracelets, retire mes manches.

- Je vous laisse mon déguisement au grand complet et tous ces masques sociaux à travers lesquels vous croyez me connaître. Prenez tout.

 Alors que je laisse tomber ma jupe, me retrouvant en sous-vêtement au milieu de cette jungle désorientée, deux gardes de la sécurité me saisissent. J’ai juste le temps de crier avant d’être emportée.

 - Vous m’avez mise à nue. Je pars ouvrir le bal démasquée, et vous laisse à votre grand défilé.

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