Des nouvelles de demain

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A woman tells the story of an intense relationship.
Looking back through time, it may be her most beautiful life parenthesis.

Nous étions inséparables.
Tu me suivais partout où j’allais. Dès que tu es entré dans ma vie, j’ai su que je ne pourrai plus me passer de toi. Nous ne nous connaissions même pas, et déjà nous ne formions qu’un. Nous ne pouvions passer nos nuits et nos jours l’un sans l’autre. Nous vivions une symbiose presque parfaite. Presque parfaite, parce que tu avais tes humeurs, et moi mes maux.

 

Puis il y a eu ce traumatisme qui a changé nos vies. Un déchirement aussi soudain que douloureux. Un tremblement de terre t’a arraché à mon étreinte. J’entends encore tes cris de souffrance sous les décombres de notre passé. En quelques heures, tout notre monde a basculé.

 

Tu as été bien soigné. Tu te laissais faire, dans un état de semi-conscience. Nous sommes rentrés à la maison. Nous avons d’abord fait lit à part. Tu étais si fragile. J’ai pris soin de toi, jour et nuit. Chaque seconde de vie. Peut-être trop. Tu me le rendais par tes sourires.

J’ai eu besoin de prendre de la distance. De retrouver mon espace. Je t’ai préparé une chambre. Je ne pouvais plus dormir à tes côtés. Je devais m’éloigner de toi. Pour moi. Pour toi. Pour nous.

 

Nous avons trouvé un nouvel équilibre. Nous avons cohabité ainsi quelques années.
Tu as révélé ton caractère. J’ai fait des concessions.
Tu as affirmé tes différences. J’ai accepté tout ce que j’avais toujours refusé aux autres.
Tu as joué avec mes limites. Je les ai repoussées.
Les écarts entre nous se sont creusés.

 

Nos crises se sont multipliées. Il y eut bien des jours où nous ne pouvions plus nous supporter.
Tu es parti plusieurs fois en claquant la porte. Sans un mot qui n’ait été une menace. Ma colère se transformait en pleurs, puis en peur. Mais tu es toujours revenu.
Nous passions l’éponge et tentions de donner de nouvelles bases à cette relation que nous sentions de plus en plus instable.

 

Qu’avions-nous finalement en commun ?
Où était passée la passion fusionnelle des premiers mois ?
Au nom de quelle force, de quel amour, persévérions-nous à donner du sens à ce nous qui depuis longtemps n’était plus qu’un tu, un je ?

 

Nous avancions inéluctablement, nous le savions tous les deux, vers notre séparation. La perspective d’une déchirure prochaine nous a un peu rapproché, nous rappelant à des sentiments que la routine avait entachés puis dédaignés.

 

Puis tu es parti. Une valise dans chaque main, et un sac sur le dos. C’était là toutes tes affaires. Tu as pris le train. Je t’ai regardé t’éloigner sans te montrer mes larmes. C’était la fin d’une parenthèse de vie. La plus belle parenthèse de ma vie.

 

Ce n’était pas un adieu. Il nous restait la tendresse. Certains liens sont trop forts pour être détruits.

Tu m’as promis que tu reviendrais dans la région de temps en temps. Mais jamais plus nous ne partagerions notre quotidien. Sauf, peut-être, dramatique concours de circonstances. La vie semble parfois mal faire les choses. Aucun de nous ne souhaitions cela.

 

Nous avons appris à vivre l’un sans l’autre.
J’ai déployé des trésors de créativité pour retrouver du plaisir à mon indépendance. Pour redevenir un être à part entière.
J’ai réappris à ne penser que pour un. À vivre pour moi, par moi et sans toi. Sans cesser de penser à toi.
Pour toi, évidemment, c’était différent.

 

Je suis soulagée de deviner que cette rupture t’a été plus facile. Plus naturelle. Dans l’ordre des choses. Un peu douloureuse, mais aussi pleine de perspectives excitantes, de promesses à ne pas tenir et d’espoirs un peu fous. L’avenir s’ouvrait à toi. Un avenir d’opportunités infinies, où tu ne voyais plus d’interdits ni de contraintes. Tu avais le monde à tes pieds. Toi si jeune, alors que je déclinais.

J’aurais pu mieux m’y préparer. Je le savais depuis le début.

Oui, c’est vrai, nous étions inséparables. Les 9 premiers mois.

 

Tu ne m’as pas oublié bien sûr. Je serai toujours là quelque part en toile de fond, nichée au creux de ton existence. Même si ce ne doit être qu’au titre de souvenir.

Je serai toujours là quand tu auras besoin de moi.

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